Hier matin, 16 novembre, j’étais dans une assemblée où chacun appelait l’autre « camarade ». Mais là s’arrête toute ressemblance avec le parti de marie-georges Buffet, puisque nous étions aux « Matins HEC », organisés par l’Association des anciens élèves d’HEC.
Nous recevions le 200ème invité, Gérard Mestrallet, PDG de Suez, interviewé par Vincent Beaufils (HEC 75), directeur de la Rédaction du magazine Challenges.
L’interviewé s’est prêté de bonne grâce aux questions sur la transformation en 10 ans du Groupe Suez, 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires,passé d’une Holding avec des participations dans la Banque et l’Immobilier, à un acteur majeur du secteur de l’Energie et de l’Environnement.
Il nous a livré sa vision de l’évolution de ce secteur, sujet à un double mouvement de concentration et de dérégulation, sans oublier les perspectives à l’International (forcément on a parlé de la Chine),même si l’essentiel de l’activité de Suez est aujourd’hui en Europe (terminées les avancées hasardeuses en Argentine et en Amérique Latine).
Puis viennent les « questions de la salle », comme dit vincent Beaufils.
Et là, comme souvent dans ce genre de manifestations, quelque chose se passe . Une voix juvénile (HEC 200X) apostrophe le PDG, en prévenant qu’il va poser une question osée (c’est l’école, nous dit il, qui lui a appris à oser, alors « je vais vous poser une question osée »)… On retient son souffle. Il se demande si tous les patrons, Mestrallet dans le même sac que les autres, ne sont pas que des personnages qui ne dirigent que pour satisfaire leur ego, en faisant allusion à ce qu’il se rappelle de celui qui prêchait la convergence avec des chaussettes trouées. (tout le monde l’a reconnu et le jeune qui ose est content de son effet). Mestrallet commence à répondre « non, les patrons font de leur mieux, ils cherchent à bien faire leur boulot…. ». Interruption de vincent Beaufils, au secours du jeune qui a osé : « mais quand même, vous avez passé de durs moments ces dernières années, avec les administrateurs qui ont failli vous débarquer, qui vous obligeaient à réduire la dette … ça a été très médiatisé ». Et il en rajoute, en citant un article merveilleux, rédigé il y a un an, par une journaliste de … »Challenges ».
Et là, Mestrallet, royal : « Non, je n’étais pas inquiet, car je savais ce qu’il fallait faire, j’étais sûr que ça allait réussir, je l’ai fait, j’ai désendetté Suez, j’ai obtenu les résultats ».
En quelques minutes, le JE avait pris le pouvoir, un homme visionnaire avait emmené l’entreprise vers le succès, sans douter, « Challenges » en avait parlé dans un article merveilleux, et le « jeune qui ose » était tout rose d’avoir osé.
Ah, les jolis jeux de « JE » !


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