Encore entendu cette semaine un dirigeant avouant devant son Comex réuni : Oui, sur l’IA générative, nous sommes en retard.
On peut penser que des actions vont être entreprises pour combler ce retard, et mieux intégrer ces technologies dans les processus de l’entreprise.
Mais, en fait, l’IA générative a bien déjà pénétré les bureaux et les entreprises, mais souvent ce sont les employés qui s’en servent, presque clandestinement, sans en parler aux chefs.
De nombreuses études montrent que demander à Chat GPT son avis sur une décision à prendre, ou un rapport à rédiger, devient une habitude de plus en plus fréquente, soit en utilisant les outils de l’entreprise, soit en interrogeant les plateformes directement (et tant pis pour la confidentialité parfois).
Mais le hic, c’est que cela ne produit pas toujours les résultats escomptés, mais plutôt ce que les anglo-saxons appellent le « slop » (oui, la soupe), le « slop IA », c’est la nouvelle forme de parasite, correspondant à un surplus de contenus de faible qualité produit par les algorithmes d’IA.
C’était le sujet d’un article de Laure Coromines dans Le Monde du 26 octobre 2025.
Et ça dénonce. Comme Maxime, consultant dans ce que l’article présente comme une des entreprises de conseil les plus importantes du monde, qui parle de son manager « qui utilise l’IA à toutes les sauces, pour un résultat souvent médiocre. Au lieu de le recadrer, son propre chef attend qu’il ne soit pas là pour demander à mon équipe de tout reformuler dans son dos. Cela n’a pas de sens : On jette beaucoup de choses à la poubelle, puis on doit refaire nos présentations et notes stratégiques… Avec nos clients, il m’arrive de me retrouver très gêné lorsque l’on présente certains travaux ».
A l’origine le « slop IA » désignait toutes les bêtises sorties par ChatGPT et autres, comme proposer de mettre de la colle sur la pizza pour mieux faire tenir le fromage, ou des photos farfelues comme celles d’Emmanuel Macron dans des tenues improbables. Mais il a maintenant aussi pénétré insidieusement l’entreprise. Comme un autre témoin de Laure Coromines, Laurent, lui aussi consultant, décidément, le signale : « Il y a toujours un collègue en réunion qui suggère de demander l’avis de ChatGPT. On reçoit ensuite par e-mail un résumé empli de banalité, sans aucune réelle analyse. Ces messages, c’est comme les pubs sur internet, on essaie de les ignorer, mais c’est difficile ».
Marie, autre témoin, a trouvé la bonne formule : « L’IA s’apparente surtout à un stagiaire zélé à forte tendance mythomane ».
Ce genre d’article et de témoignages va sûrement conforter ceux qui considèrent que « L’IA ce n’est pas bien ». Pourtant, ce qui est en cause, ce n’est bien sûr pas l’outil lui-même, mais la façon de s’en servir. D’ailleurs, les jeunes générations sont en général plus habiles dans leur utilisation. Ceux qui pataugent et génèrent des banalités ou des erreurs, ce sont plutôt, comme le manager de Maxime, les plus seniors, qui croient faire les malins en tapant n’importe comment sur ChatGPT, et ne font que passer pour des clowns auprès des plus jeunes.
L’usage des bons prompts est devenu une discipline d’expertise.
Il existe maintenant des formations et guides pour justement mieux penser le futur avec l’IA, ce que l’on appelle le « Prompt Futur Thinking ».
Cette nouvelle discipline commence à être enseignée, et consiste à aider à réfléchir à l’aide d’instructions données à une IA. C’est ainsi qu’un philosophe hongkongais s’est fait connaître en 2025, Jianwei Xun. Il a même été qualifié par la presse internationale comme « l’un des plus importants philosophes hongkongais contemporains ». Ce qui a été particulièrement remarqué, c’est d’avoir su proposer un concept d’une grande finesse permettant une nouvelle lecture des premiers mois de l’administration Trump. Son livre, « Hypnocratie : Trump, Musk et la fabrique du réel » (Philosophie Magazine éditeur) a eu son petit succès.
En fait, ce philosophe, on l’a compris, n’existe pas. Il est le fruit du travail de Maura Gancitano, vraie philosophe, elle, avec une IA. Et c’est elle qui a créé cette discipline et qui l’enseigne.
Alors, pendant que certains pataugent dans leur soupe, de nouvelles expertises émergent et de nouvelles découvertes pour le futur apparaissent.
Oui, comme le disait le dirigeant rencontré en début de cet article, ce n’est pas le moment de prendre trop de retard.
L’image en illustration ici a aussi été produite avec une IA : Google IA Studio.

Laisser un commentaire